Edito
Un petit come-back … en voilà une bonne idée ! Pour répondre à la demande de certains, et même à l’insistance d’autres, la rédaction du journal a sorti la boîte à souvenir, et surtout la vieille machine à écrire à ruban, pour revenir sur une période lointaine, qui a marqué les esprits
Le 21 mai 2000, à L’Aigle, L’AS Lagny perdait pour la 4e fois en 12 mois le match d’accession en Nationale 2, contre Rennes (25-28). Alors que la semaine précédente, c’est Épernay qui lui barrait la route (3-15), et qu’en mai 1999, c’est contre Lille (14-16) puis Rouen (20-30) que les bleus et blancs annihilaient leurs chances… [1] Mais au-delà de ces regrets sportifs, il reste en mémoire des souvenirs fraternels, et la belle aventure humaine d’un groupe, qui a écrit une jolie page de l’histoire de ce club hors du commun.
Mais attention ! Il ne s’agit pas ici, de tomber dans le « c’était mieux avant » ou de se torturer en espérant revivre un jour les joies du passé. Pierre Desproges disait : « la nostalgie c’est comme les coups de soleil, çà ne fait pas mal pendant, çà fait mal le soir en se couchant. » Non… Nous avons juste ici, l’intention de revoir quelques cabines un peu abîmées par l’érosion du temps, et rire encore aux détails croustillants parfois oubliés, d’une bande de potes assez hétérogène, mais qui s’est uni pour le meilleur et pour le pire. Tous n’ont pas été retrouvés, certains sont peut-être sur une ile déserte ou tapis dans une cave de la rue Princesse … Mais chacun a laissé une trace dans nos mémoires, et plus que des images, c’est même parfois des sons, et surtout des odeurs, qui referont surface en lisant cette édition… un peu spéciale !
Le 21 mai 2000, à L’Aigle, L’AS Lagny perdait pour la 4e fois en 12 mois le match d’accession en Nationale 2, contre Rennes (25-28). Alors que la semaine précédente, c’est Épernay qui lui barrait la route (3-15), et qu’en mai 1999, c’est contre Lille (14-16) puis Rouen (20-30) que les bleus et blancs annihilaient leurs chances… Mais au-delà de ces regrets sportifs, il reste en mémoire des souvenirs fraternels, et la belle aventure humaine d’un groupe, qui a écrit une jolie page de l’histoire de ce club hors du commun.
Assis contre un arbre, les chaussures entre les jambes, j’écoute à moitié un dirigeant qui tente de me consoler. Plus loin, Lolo Blond fait des grands gestes au milieu d’un petit groupe d’anciens qui n’en reviennent toujours pas. Bobok est déjà sous la douche, très énervé. Certaines femmes tentent de réconforter leur hommes, Eric et Stéphane enlèvent leurs bandages d’élasto, dégoutés. Tobie a le regard noir. Didier et Gheorghe sont muets. Kiki et Luc vocifèrent.
Ils ont tous tout donné. Fred Salles, et Jacques Petey, les coachs, n’arrivent pas à comprendre. Comment a-t-on pu perdre ce match ? A la 88e minute ... comme l’an dernier contre Lille. Oui mais là, on les avait explosé pendant les ¾ du match. On avait vingt points d’avance à la cinquante cinquièmes minutes, et on dominait.
Personne n’a vraiment d’explication valable : l’arbitre, la condition physique, le mental, le vent … Un peu tout ça à l’évidence.
Cette fois c’est encore plus violent, car en plus d’avoir subi une terrible remontada, on sent bien que c’est la fin. La fin d’un cycle. Certains joueurs vont partir, d’autres vont arriver, des jeunes vont faire leurs places. Des nouveaux entraineurs également. Et puis, le découragement et la résignation ... 4 fois en 12 mois ! Ce n’était pas pour nous !
Dans le vestiaire, je ne peux pas m’empêcher d’être triste, surtout quand je croise le regard des enfants du club, Lolo, Benoit, Fred, Max, Bébert, Cédric. On aurait vraiment aimé leur offrir çà. La culpabilité s’installe. En sortant, pas de mots pour les potes de la B, qui pour certains ont joué avec nous dans l’année… Et que dire aux anciens, les VDB, Bésana, Grisou, Legoff, Cham, Bétou, Zim ? Eux qui nous ont si bien accueillis ici. Et les autres supporters… Et les dirigeants. Les Blond, Tisserand, Chavaneau, Bonnet, Thureau, Esch, Bernardet, les pères Yoyo et Zmuda…. Eux qui nous ont tous aidé à nous sentir bien à Lagny. Et les jeunes : les Bonnard, Ducrot, Rosell, Tisserand, Enkirche, Basile. C’est à eux que nous voulions donner les clés de la Nationale 2. Et les autres que j’oublie. Et Les bénévoles… Et Monique !
Je crois que c’est la seule fois que le bus du retour n’a raisonné d’aucune chanson. A cette époque-là, on gagnait souvent à l’extérieur, du coup les retours étaient animés. Et même en cas de défaite, l’amitié reprenait rapidement le pas sur la déception, et le répertoire vocale prolifique de certains ramenait la bonne humeur dans le groupe.
Mais là non…
Dans ce bus, je suis incrédule. Les images défilent dans ma tête. Celles du match, mais aussi celles de la saison. Ce match contre l’ACBB, il y a quelques jours, contre des anciens joueurs d’élite. Les 40 pions passés à Colmar alors leader de la poule, les victoires contre Massy, Épernay, celles à Metz, à Noisy-le-Grand, au Massif Central, à Yutz. Et tant d’autres. On avait une super équipe. Et l’année d’avant. Encore plus forte. Avec Laurent Daublon, capable d’être bon à tous les postes de la ligne de ¾, avec un jeu au pied redoutable, et une aisance technique incomparable à ce niveau. Les résultats ont été incroyables : 3 défaites en 22 matchs de saison régulière, avec des cadors dans notre poule comme Évreux, Rouen, Armentières ou encore Amiens. Nous, la modeste bourgade de Seine et Marne !
Mais surtout… Surtout tous ces moments de convivialité. Une super ambiance, juvénile et fraternelle. On n’était pas tous des amis, mais on était contents de se retrouver les soirs de semaines, pour se rouler dans la boue sablonneuse du stade du Fort du Bois.
Et je me souviens particulièrement des entrainements du vendredi et des oppositions avec la B, qui étaient souvent d’un meilleur niveau que les matchs du dimanche. Il faut dire que la B aussi c’était une super équipe, vice-championne de France en 1997 !
Le club-house derrière la buvette peut encore en témoigner. L’osmose entre les anciens du club, et les expatriés de toute la France avait bien pris. Comme une bonne mayonnaise.
Mais cela n’a pas suffi…
Et le pire c’est que trois saisons plus tard, la fédération déciderait de faire monter directement les premiers de poule…
Et finalement, 20 ans après, qu’est ce qui est le plus important ? Nous n’avons pas fait monter le club, mais toute la famille bleue et blanc de cette époque-là gardera d’abord le souvenir d’une épopée exaltante, et pour ma part, quelques amis pour la vie. Le bilan sportif n’a plus d’importance.
Une des particularités d’un ancien rugbyman, c’est qu’il oublie les détails mais qu’il se souvient des émotions. Alors n’oublions pas ces moments privilégiés, et soyons fiers… Fiers de s’être fait casser la gueule en cœur, pour défendre nos couleurs…
S. M.
Ceux qui ont joué au moins une fois en équipe 1 sur les saisons 98/99 et 99/2000, par postes et par ordre alphabétique.
Premières lignes :
Deuxièmes lignes :
Troisièmes lignes :
Demis :
Trois quarts :
Entraîneurs :
En cette mi-juin 2000, la météo est encore capricieuse sur la Seine-et-Marne, et l’été tarde à arriver.
Mais il est un endroit où la chaleur commence à monter, c’est le bar de l’aéroport d’Orly. Le groupe sénior de l’AS Lagny vient d’apprendre que son vol pour Lanzarote est retardé. Pas d’ hésitation possible, tournée générale.
Inutile de préciser l’ambiance dans l’avion… L’édition spéciale du Lagny du Rugby est distribuée, avec le règlement du voyage. Seule ombre au tableau : le stock de mignonnettes prévu par la compagnie était bien trop léger pour cette troupe d’assoiffés.
Après une escale à Madrid, l’avion pose enfin ses roues sur le tarmac venté de ce volcan immergé au milieu de l’océan atlantique. Direction le club La Santa, que les Ducrot nous ont dégotté sur Internet. « C’est génial, c’est un concept idéal pour les groupes de sportifs, il y a même le quinze d’Angleterre qui est venu l’an dernier ! ». Nous sommes donc pressés de voir çà… Un hôtel habitué aux groupes de rugbymen, on va pouvoir se lâcher…
En effet, ce complexe hôtelier est bien spécialisé dans le séjour sportif, mais pas tout à fait comme on l’imaginait. Certes, le lieu donne sur la plage, il est certes très joli, avec une superbe piscine paysagée et un bar extérieur un peu étroit, mais il est surtout équipé de méga structures pour de la préparation physique de haut niveau : terrain de foot, de basket, de hand, stade d’athlétisme, piscine olympique et gigantesques salles de fitness et de musculation.
Et les clients sont affutés comme des Opinels, et alternent entre les nombreux appareils de cardio, et les cours incessants de step au bord de la piscine, au son démesuré de la techno ! On nous explique très rapidement qu’ici, on prépare l’Ironman de Lanzarote et que la boisson en vigueur, c’est l’eau fraiche !
Les Ducrot se cachent…
En même temps, ce sont les seuls qui se sont occupés d’organiser le voyage, alors plutôt que de les pendre haut et court, on décide « qu’on va leur montrer, à ces espagnols, ce que c’est que des sportifs de haut-niveau ! » Une fois les chambres attribuées, Tony est nommé capitaine de l’hygiène de vie, et nous le retrouvons sur un tabouret de bar, en pleine série de flexion d’avant-bras et de levée de coude. Il vide le distributeur de cacahuètes dans sa bouche. Les serveurs hallucinent un peu, et nous indiquent rapidement le lieu où nous allons passer notre séjour, la boite de nuit. Dudu pose quelques questions en espagnol, mais sans succès. Déjà qu’en français on ne le comprend pas, alors là… Bébert, s’adresse à une employée, mais avec la moitié du paquet de chips dans la bouche… elle sourit…
Le restaurant ne nous fait pas une forte impression, mais il nous permet d’éponger un peu. La nuit venue, les chemises sont de sortie ! Les bouteilles de Téquila et de Vodka au bar du night-club finissent de désaltérer le groupe, et en milieu de nuit, nous perdons notre capitaine…
La sortie de boite fût très mouvementée. Autour de la piscine calme, certains rechignent à aller se coucher … Un premier plouf ne tarde pas à arriver. Suivi d’une énorme bombe de Rémi qui raisonne dans tout le complexe. Les serveurs arrivent et tentent de nous calmer. « No problemo » rétorque Fabien. Les espagnols sont rassurés. Mais c’était mal nous connaître. Babach et Kiki grimpent sur le plongeoir, et c’est le bordel total. Tout le monde est dans l’eau, habillés, au milieu des transats en plastique qui flottent !
Nous faisons connaissance avec la Guardia Civil. Ce ne sera pas la seule fois. Le jour commence à se lever, et je revois encore ce flic espagnol courant après Jean-Pierre qui saute sur un pied, car il n’a pas pu remettre sa prothèse !
Cette fois c’est la bonne, tout le monde au lit. Enfin presque. Ma Couille et Kikirch croisent Mamat et Sylvain dans un couloir. « Vous venez, on a un cigare ? Ne bougez pas, je vais chercher ma bouteille de Whisky ». Et voilà les 4 de retour à la piscine…
Il est 8 h du matin, et nos acolytes ricanent comme de vrais gamins. Tout à coup, un client de l’hôtel arrive et se plante au bord de l’eau. Puis un second, puis une dizaine. Une musique démarre… C’est le réveil musculaire ! Nos quatre mousquetaires s’invitent dans la partie, le verre et le cigare à la main… c’est l’apérobic !
Le reste du séjour sera de même augure, et le décalage avec les autres touristes présents ne fera que s’accentuer. La troupe alternera les activités nautiques, le beach-volley et la bronzette, avec les apéros dans les chambres et les soirées au club.
Julien négociera avec la Guardia Civil pour éviter d’aller au poste. Une affaire de doigt… Gheorghe appréciera les cocktails que Max lui préparera, Seb Loste et Fred Zmuda choperont…………
un beau coup de soleil, et tous garderont de nombreuses anecdotes qu’il serait bien trop long de relater ici !
Au retour, lors de l’escale à Barcelone, une cérémonie officielle récompensera les plus turbulents, qui se verront remettre à chacun un magnifique trophée, très envié au festival de Cannes… la palme d’or.
Ainsi s’achèvera cette saison épique, dans un siècle nouveau, juste un an avant que le club décide de fusionner avec son voisin meldois. Tiens tiens… Met le doigt ?
S.M.
En ces temps d’inquiétude sanitaire, et après une longue période de confinement, certains ont bien besoin de prendre l’air. Il est encore difficile de se projeter sur les mois à venir, et de savoir comment cette situation va évoluer. Sous réserve d’une amélioration, il serait quand même fort agréable de se retrouver, 20 ans après nos exploits, autour du stade mythique de Lagny, pour partager ensemble un moment chaleureux.
Avec l’aval du club, nous prévoyons donc une journée sous le signe des retrouvailles, des « Rois de la montée ». Elle aura probablement lieu un week-end de septembre 2020. Nous vous donnerons tous les détails prochainement, mais dans un premier temps, nous avons besoin de répertorier les coordonnées de tout le monde, et de savoir si chacun voudrait y participer.
Pour cela, merci de m’envoyer vos adresses mails et/ou numéros de tel sur martinezsylvain hotmail.com. Si vous avez le contact de quelqu’un de « porté disparu », faites-le passer.
Il est évident que chacun a ses contraintes, et que la tension liée à ce put… de virus peut freiner certaines ardeurs, mais il serait quand même sympa que tout le monde fasse un petit effort, pour pousser tous ensemble une dernière fois, et emmener le ballon derrière la ligne…
On compte sur vous…
C’était le 8 juin 1997… je m’en souviens comme si c’était hier… il y a 23 ans… En général lorsque l’on joue encore au rugby en juin c’est plutôt bon signe, « il se pourrait bien que l’on vive quelque chose d’exceptionnel, voire d’historique ».
A l’époque on s’en foutait un peu de l’historique. La bière était à 3.50 frs au bistrot, le paquet de clopes était à 9.40 frs et l’essence à 5.50 frs le litre. C’était une autre époque.
Nous les joueurs, d’un dimanche à l’autre, on ne savait pas contre qui on allait jouer, et on s’en foutait, le principal c’est qu’il y ait des gonzes en face de nous sur le pré… une autre époque…
Les soirs d’entraînement, l’objectif c’était de mettre l’équipe première sur le cul, pas de cadeau, pas de quartier. On ne voulait pas forcement leur place, on voulait juste les mettre sur le cul ! C’est vrai qu’à l’époque on était une belle bande de fracassés… une autre époque.
En ce temps-là ça courrait beaucoup moins qu’aujourd’hui. A niveau égal, la technique individuelle de l’époque était beaucoup plus rudimentaire, en revanche ça poussait fort en mêlée et l’objectif n’était pas forcement de faire vivre le ballon, mais plutôt de faire mourir l’adversaire… une autre époque.
La réserve ou la B (là aussi ça dépend de l’époque) était en finale du championnat de France, ce n’est pas rien dans une petite ville de Seine-et-Marne qui a toujours eu un intérêt prononcé pour son club de rugby…
Le déplacement à Chatillon-sur-Chalaronne s’est fait sans stress, on n’avait pas oublié les licences…
Je me souviens d’ailleurs que le capitaine de Leucate était venu dans notre vestiaire pour contrôler nos licences. Nous étions à la queue leu leu, et un par un, nous passions devant lui afin qu’il puisse comparer notre visage à la photo de la licence… une autre époque…
Le match n’a pas été notre plus beau de la saison, nous devions certainement être un peu impressionnés par l’enjeu. Nous avions tenu la première mi-temps, mais l’adversaire du jour était plus fort et nous avons fini par lâcher en deuxième… Mais les SOUVENIRS de cette aventure humaine restent gravés à jamais dans ma mémoire, et j’avoue qu’il y a eu un avant, et un après ce 8 juin 1997.
J’ai appris dernièrement que la réserve de Lagny avait failli renouveler cet exploit, et qu’il n’avait pas fallu grand-chose pour qu’ils y arrivent … ça fait plaisir de savoir que les traditions restent et sont respectées. Les époques passent mais l’amour du damier reste… et c’est ça l’essentiel…
Sylvain voulait que je lui écrive un truc sur les 20 ans du dernier match de montée, qui parlerait de la B… mais nous en réserve, on n’en a rien à foutre de ce que peut nous dire un mec de la première… on le met sur le cul et pis c’est tout !
Grisou.
Plutôt que des grandes phrases, mieux valent de belles images….
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